Critiques

La musique est l'expression de l'idéal artistique le plus élevé ; réflexion des harmonies célestes, elle place l'homme directement devant les mystéres les plus profonds de la vie. Daprai peut prendre à son compte, cette affirmation exprimée dans la charte spirituelle de l'Humanité (1946) tant il est vrai qu'il est sensible aux côtés mystérieux de la vie qu'Einstein disait être la plus belle chose que nous puission éprouver et définissait comme étant le sentiment profond qui se trouve au Berceau de l'Art et de la Science vraie. Jean-Louis Monod

Jean-Louis Monod

Les personnalites du XIV éme Arrondissement
Jean Daprai - Sous le signe du fantastique

Jean Daprai occupe une place à part : on ne peut le classer dans les divers courants de la peinture contemporaine. Son inspiration est toute personnelle : le cosmos intérieur qu'il nous restitue au fil des couleurs n'appartient á nul autre. Nul autre que lui n'a fait voyager ses pinceaux dans cet univers qui est à la fois fantastique, symbolique, étrange, mais réaliste et proche de notre sensibilité. Daprai est lui-même. Mais qui est-il réellement ?
Jean Daprai est né le 22 septembre 1929 à Rovereto, en Italie… avec un cæur d'artiste. Ses études secondaires sont résolument placées sous le signe de la peinture : il s'inscrit aux " Beaux Arts " de Milan, puis à l'Ecole d'Art Sacré de Cimabue. Pourtant, à vingt ans, à l'âge où les vocations peuvent devenir réalité, où les rêves exhalent un frais parfum de bohême et de romantisme, il s'engage dans la Légion Etrangère. Démobilisé en 1954, il s'établit à Marseille, puis monte à Paris en 1956, où il choisit le XIVéme arrondissement pour commencer une longue et brillante carrière artistique.
Au début, ses toiles ont une inspiration classique. Daprai se cherche, essaie de forger un style qui lui soit propre. Il tente peu à peu de distiller, dans les laboratoires de l'inconscient, sa part de rêve, de la transmuer en images, en couleurs. Il est à la recherche de la pierre philosophale.
L'artiste devient-il alchimiste ? Oui, en quelque sorte. Mais cet alchimiste, qui n'a pour tout instrument que ses pinceaux, ne nous offre pas un monde trouble, sombre ou inquiétant, perdu dans les arcanes d'une angoisse douloureuse. Des æuvres de Daprai émanent au contraire un charme reposant. Tout n'est qu'harmonie et sensibilité. Chacune de ses toiles apparaît comme un hommage à la beauté. Les visages, les cités fantastiques les ciels constellés d'astres se fondent en une vision émerveillée. C'est la réalité percue à travers le voile du fantastique.
Impressionnés par ses premiéres toiles, les critiques réservent à Daprai un accueil enthousiaste. Ils sont sensibles à sa facture classique de son dessin, à la sûreté de sa technique, à son sens de l'harmonie dans la couleur. En fait, derriére le visionnaire, se cache un peintre d'autrefois, un peintre comme on pouvait en trouver au temps de la Renaissance, un artiste soucieux du moindre détail, capable de restituer la beauté simple d'un corps humain, d'un visage ou la pureté d'un regard.
Le succès ne tarde guère, et la notoriété s'envole bien vite au-delà des frontières. La Suède, le Koweit ,le Vénézuela, l'Allemagne fédérale accueillent des æuvres de Jean Daprai. Les commandes arrivent du monde entier. L'artiste réalise le portrait du Shah d'Iran, celui du Roi du Maroc Hassan II, du Sultan de Brunai, de Salvador Dali etc.
Les honneurs arrivent également pour couronner son talent si original et personnel. Citons, entre autres, la médaille d'or du grand prix Léonard de Vinci (1973), les palmes d'or de la Reine Fabiola (1976), le grand prix Rubens de la ville d'Anvers (1977), la médaille d'argent de la ville de Paris (1979) …
Jour aprés jour, Daprai poursuit son æuvre dans son atelier du XIVème arrondissement. C'est en ce lieu que, patiemment, il ébauche ses cités radieuses, ses visions cosmiques, ses rêves mythologiques. Tableau après tableau, il semble que Daprai nous livre un message qui reflète sa propre métaphysique. Passé et futur, rêve et réalité s'entremêlent dans le long monologue intérieur de l'artiste - monologue solitaire et secret dont il nous tresse la quintessence colorée, harmonique, apaisante. Il nous apporte une réflexion sereine sur les grands mystères de la vie. Dans l'univers de Daprai, tout est romantisme, sensibilité, magie des formes et des couleurs.
Rimbaud prétendait posséder l'alchimie du verbe. Jean Daprai, dans sa quête quotidienne de la beauté cosmique, possède indubitablement l'alchimie d'une certaine pureté. Ses oeuvres, constellées d'amour, de sensibilité, de musique intéreure, de travail, en témoignent.
Certains le disent magicien. Ce qui est sûr, c'est qu'il a le secret du merveilleux et l'étoffe d'un artiste d'exception que le XIVème s'honore d'avoir pour hôte.

Philippe Leyder

JEAN DAPRAI
Revue extrait "Vision sur les Arts" (H. Gineste)
Le magicien du Surrealisme poètique

Je vois dans L'oeuvre de Jean Daprai L'annonciation d'un réalisme surréaliste, au même titre que Cherico, Magritte, Dali, Delvoux ou Chappelain-Medy. Il y a là une presence du réel et de l'imaginaire qui wous donne une vision d'un monde double où l'image de L'humain, de la femme en particulier occupe une place importante.
Nous sommes à l'antipode de la " nature morte ".Comme ces magiciens de la Renaissance, il nous fait voyager dans l'espace et découvrir la féerie du rêve, sous L'emprise de ses concordances chromatiques, qui lui sont bien personnelles, nous subissons le charme de son langage de peintre virtuose, au gré de sa fantaisie et de son inspiration nous découvrirons l'autre coté du miroir.
La palette du peintre, tout en étant des plus variées, est toujours harmonieuse dans son ensemble, les couleurs ne sont jamais acides ou criardes, elle interpréte une douce mélodie sereine et poétique.
L'oeuvre de Jean Daprai est le reflet de l'inconscient, elle donne à penser et poétise l'imaginaire, comme un baladin du temps jadis, nous parcourons les chemins de l'aventure au hasard de l'inspiration du moment, nous retrouvons la magie de l'image avec son symbolisme personnell qui est proche des maîtres de la Renaissance.
La peinture de Jean Daprai se caractérise par le souci d'harmonie, aussi bien dans son ensemble que dans le plus petit détail, la réalité poétique est symbolisée par la femme. Tout est décrit autant que suggéré avec goût, il s'exprime avec finesse dans un surréalisme qui lui est bien particulier. Comme l'a écrit Beaudelaire " La réalité n'est que dans le rêve ".
Son art est le témoignage, la révélation d'un monde magnifique et secret, il transmet un envoûtement profond, les rythmes et les articulations des plans, les relations formes-couleurs, les rapports des tons, la technique même de la matière, qu'il s'agisse des aquarelles ou gouaches aux saveurs tactiles, délicates, ou des huiles à la pate ferme et discrète, tout concourt à suggèrer les sortilèges cachés de la terre et de l'âme.
L'utilisation magistrale de la lumière mère de tout mystère et de toute splendeur, confère à la peinture de Jean Daprai une autorité, une authenticité une persuasion que les amateurs, les connaisseurs ont ressenties, reconnues, dont ils ne pourront oublier la saveur, ni perdre la nostalgie.
Placée dans cette trilogie du surréalisme, du symbolisme, et du fantastique, la peinture de Jean Daprai se révéle originale et très personnelle, elle nous touche par la fraîcheur des sentiments qu'elle exprime, par le rayonnement de sa lumière, la sérénité et la pureté de son dessin, on y trouve un écho des charmes secrets de l'orientalisme, un raffinement expressif d'où se dégage une poésie subtile. Sans nous en rendre compte, nous ressentons la magie de cette oeuvre d'exception, comme tout grand créateur et visionnaire, il nous impose son univers et nous entrâine dans ses jardins secrets, où la vie sous toutes ses formes nous apparaît comme un conte de fées.
L'oeuvre de Jean Daprai prend place parmi les signatures, aujourd'hui illustres de nos contemporains surréalistes, elle fait partie des valeurs authentiques de notre temps, nous saurons la découvrir, la juger et l'apprécier dans toute son ampleur.
Demain, dans le livre d'or du surréalisme, une page importante lui sera réservée.

H. Gineste